En effet, comment mieux commencer à vous parler de l’Arménie que par la table ? Premier repas, premier émerveillement : sur la table, tout un tas de petits plats, salades, charcuteries, fromages, et surtout, surtout : des bouquets d’herbes aromatiques, basilic, persil, coriandre, aneth, cébettes… à croquer à volonté tout au long du repas.
Tomates et concombres sont à l’honneur, et aucun repas ne se conçoit sans eux. A côté, des salades toujours différentes, de toutes couleurs et de toutes textures.
Il faut parler aussi du “lavash”, cette sorte de galette très fine qui remplace le pain et qui est toujours fabriquée de façon artisanale et selon une méthode qui remonte à la nuit des temps. La pâte est mise à lever toute la nuit. Le lendemain, elle est roulée et étirée en une sorte de crèpe très fine, plus ou moins ovale, de 60 X 25 cm. A l’aide d’une sorte de coussin de la même forme, cette galette est collée sur les parois d’un four cylindrique, creusé dans le sol, et chauffé par en dessous. En quelques secondes, la pâte cuit, dore, grille un peu. Elle est ensuite découpée en bandes de 20 cm de large et servie à table. Fraîche, c’est un délice. Laissée à l’air, elle sèche et devient dure et un peu caoutchouteuse. Dès qu’on la garnit de légumes ou de salades, elle redevient moelleuse.
On ne saurait oublier aussi le fromage blanc : une grande jatte est servie, et sert à assaisonner légumes et salades.
Touristes que nous sommes, nous extasiant sur ce premier repas, nous avions négligé le fait que ce n’étaient que les entrées… Suivit un plat de viande avec des légumes chauds pour lequel plus personne n’avait faim !
Heureusement les desserts sont dans l’ensemble très légers : fruits le plus souvent, parfois gâteaux peu appétissants (genre génoise et crème) et une fois des sortes de baklava rustiques mais très bons.
Le repas se termine par un café arménien, un thé noir, une infusion (menthe ou thym) ou un nescafé… Il n’y a pas de café “classique”, et la seule alternative pour ceux qui n’aiment pas le café arménien est le nescafé, d’ailleurs facturé 2 fois plus cher que le café arménien.
Notons que si ce premier repas nous avait émerveillé, les suivants nous ont permis de nous “blaser” un peu, puisque le menu a été le même tout au long des 25 repas. Seules changeait la composition des salades, et la nature du plat chaud servi ensuite : parfois soupe, parfois brochettes, parfois viande en sauce, parfois poisson. Mais quant à moi, je ne risquais pas de m’en plaindre : donnez moi des légumes et je suis heureuse. D’ailleurs, la première chose que j’ai faite en rentrant : acheter des tomates, des concombres, et mettre des bouquets d’aromatiques sur la table.
Si l’on ajoute à ça que l’agriculture semble tout à fait bio, par la force des choses (les traitements et engrais, ça coûte cher) et extrèmement peu mécanisée, un voyage en Arménie c’est un vrai voyage santé : des légumes bio à tous les repas, peu de viande, des fruits… on est en plein régime crétois ! D’ailleurs, tout en mangeant comme un ogre, j’ai perdu un peu de poids pendant ces 15 jours.
Pour des français peu habitués à voyager, le petit déjeuner surprend : gâteaux, légumes, feuilletés de viande, voire plat chaud de viande et de légumes… un vrai repas en somme.
Dois-je mentionner la vodka au chapître repas ? La vodka arménienne est tout à fait excellente (on a abondamment testé la marque Avshar) et ce qui ne gâte rien, elle coûte 2 € le litre… On trouve aussi toutes sortes d’alcools de fruits : mûre, abricot, prune.
Un des premiers mots que nous avons maîtrisé en arménien : la mûre du mûrier se dit “tout(e)” par opposition à la mûre du roncier qui se dit “moch(e)”… Qui a dit que les voyages ne formaient pas la jeunesse ?