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Chroniques Arméniennes : le pays de pierre

Pays de pierre, en effet… La pierre est partout : dans la nature, sous forme d’orgues basaltiques, de cheminées de fées, de falaises, de gorges vertigineuses, sculptée en khatchkhars (croix de pierre) d’une finesse hallucinante, dressée en menhirs à l’observatoire de Karahounge, taillée pour construire les innombrables églises et monastères aux quatre coins du pays.Pays volcanique, pays d’altitude : le point le plus bas du pays est à 1000 m, et le sommet de la chaîne de l’Aragatz culmine à plus de 4000 m. Le mont Ararat, qui même s’il a été “volé” à l’Arménie en reste le symbole le plus fort et le plus représenté domine la plaine d’Erevan de ses 5165 m.

La pierre est aussi sous nos pieds : l’obsidienne y est si commune qu’elle sert à faire le ciment, on en ramasse des morceaux partout. Les constructions sont faites de basalte gris ou de tuf rose. Erevan était surnommée la ville rose, car construite entièrement en tuf aux multiples nuances de rose.

Dans le petit monastère de Gndevank, qui semble s’être endormi en nous attendant il y a quelques siècles, une bande dessinée de pierre. Nous en verrons beaucoup d’autres, en particulier à Noradouz. Ces pierres tombales racontent les circonstances de la mort du défunt…

Toujours à Gndevank, un bélier de pierre fait le guet.

Dans toute l’Arménie un bestiaire pétrifié nous attend. Ici, une chimère au caravansérail de Sélim.

Ce caravansérail qui date de 1332 a été construit par un prince Orbelian pour abriter les voyageurs : son fils avait en effet trouvé la mort dans une tempête de neige à cet endroit. D’extérieur, un long bâtiment bas, sans ouvertures. Dedans, 3 travées, une de chaque côté destinée aux animaux, et une travée centrale pour les voyageurs. Un puits de lumière au milieu du bâtiment, mais il faut du temps pour s’habituer à l’obscurité. Ce caravansérail est dans un état de conservation exceptionnel, bien que semblant à l’abandon. A côté, des arméniens font cuire des grillades, nous invitent à les partager, et posent avec nous pour la photo !

A Noravank, cette pierre tombale exceptionnelle représente un lion de taille humaine. La sculpture est d’une finesse incroyable, mais rien ne nous empêche de marcher dessus…

A Noravank, toujours, cette rarissime représentation d’un Dieu le Père débonnaire et joufflu. Je crois que c’est une des seules représentation de Dieu en Arménie : en principe on n’y trouve que des sculptures de la vierge à l’enfant, ou les fameux khatchkhars.

La pierre est partout, mais les fleurs aussi, qui poussent carrément dans le basalte…

Ici, dans le val des orgues à Gndevank. il y avait beaucoup de brouillard…

De faux airs de “Monument Valley” autour de Sissian.

Des formes étranges, comme des tours de garde…

Et partout, partout, des orgues basaltiques. ici à Djermouk.

Oeuvre humaine cette fois, la forteresse de Smataberde domine fièrement deux vallées avec son allure de grande muraille.

Dans le monastère en partie troglodyte de Gheghard, cette salle à l’acoustique fabuleuse a été entièrement excavée dans le rocher à partir de ce puits de lumière. Nous avons eu le privilège d’y entendre un concert de musique sacrée et populaire…

L’observatoire de Karahunge (ou Zorats Karer) est plus ancien de 2000 ans que Stonehenge. Les spécialistes pensent qu’il servait aussi à des observations astronomiques. Des trous ronds et réguliers ont été taillés dans le haut des menhirs.

Près du lac Sevan, des milliers de khatchkhars vieux de plusieurs siècles jusqu’à nos jours nous attendent dans le cimetière de Noradouz. En Arménie, les croix ne sont pas découpées en forme de croix, mais sculptées sur des pierres plates. Vestige vivace du culte du soleil zoroastrien, y figurent aussi toujours le disque solaire et l’arbre de vie.

Il y a des khatchkhars partout : on marche dessus, ils sont taillés à même le rocher, sculptés en ex-voto dans les murs des églises, réutilisés pour consolider un mur… De tuf ou de basalte, les plus fins sont de véritables dentelles de pierre. Le plus célèbre sculpteur et architecte, Momik, qui vécut au XIII° siècle est enterré à Noravank et a sculpté lui même sa pierre tombale. Alors qu’on lui doit certaines des plus exceptionnelles dentelles de basalte (aujourd’hui dans les musées), son khatchkhar-pierre tombale est très simple, très modeste. Il est toujours adossé à l’une des églises de Noravank, et l’on pourait marcher dessus sans s’en apercevoir…

A côté du fort d’Amberd, quelques morceaux de khatchkhars dressés en un autel bucolique.

Chroniques Armeniennes : à table

table d’hôte à Garni

En effet, comment mieux commencer à vous parler de l’Arménie que par la table ? Premier repas, premier émerveillement : sur la table, tout un tas de petits plats, salades, charcuteries, fromages, et surtout, surtout : des bouquets d’herbes aromatiques, basilic, persil, coriandre, aneth, cébettes… à croquer à volonté tout au long du repas.

Tomates et concombres sont à l’honneur, et aucun repas ne se conçoit sans eux. A côté, des salades toujours différentes, de toutes couleurs et de toutes textures.

Il faut parler aussi du “lavash”, cette sorte de galette très fine qui remplace le pain et qui est toujours fabriquée de façon artisanale et selon une méthode qui remonte à la nuit des temps. La pâte est mise à lever toute la nuit. Le lendemain, elle est roulée et étirée en une sorte de crèpe très fine, plus ou moins ovale, de 60 X 25 cm. A l’aide d’une sorte de coussin de la même forme, cette galette est collée sur les parois d’un four cylindrique, creusé dans le sol, et chauffé par en dessous. En quelques secondes, la pâte cuit, dore, grille un peu. Elle est ensuite découpée en bandes de 20 cm de large et servie à table. Fraîche, c’est un délice. Laissée à l’air, elle sèche et devient dure et un peu caoutchouteuse. Dès qu’on la garnit de légumes ou de salades, elle redevient moelleuse.

On ne saurait oublier aussi le fromage blanc : une grande jatte est servie, et sert à assaisonner légumes et salades.

Touristes que nous sommes, nous extasiant sur ce premier repas, nous avions négligé le fait que ce n’étaient que les entrées… Suivit un plat de viande avec des légumes chauds pour lequel plus personne n’avait faim !

Heureusement les desserts sont dans l’ensemble très légers : fruits le plus souvent, parfois gâteaux peu appétissants (genre génoise et crème) et une fois des sortes de baklava rustiques mais très bons.

Le repas se termine par un café arménien, un thé noir, une infusion (menthe ou thym) ou un nescafé… Il n’y a pas de café “classique”, et la seule alternative pour ceux qui n’aiment pas le café arménien est le nescafé, d’ailleurs facturé 2 fois plus cher que le café arménien.

Notons que si ce premier repas nous avait émerveillé, les suivants nous ont permis de nous “blaser” un peu, puisque le menu  a été le même tout au long des 25 repas. Seules changeait la composition des salades, et la nature du plat chaud servi ensuite : parfois soupe, parfois brochettes, parfois viande en sauce, parfois poisson. Mais quant à moi, je ne risquais pas de m’en plaindre : donnez moi des légumes et je suis heureuse. D’ailleurs, la première chose que j’ai faite en rentrant : acheter des tomates, des concombres, et mettre des bouquets d’aromatiques sur la table.

Si l’on ajoute à ça que l’agriculture semble tout à fait bio, par la force des choses (les traitements et engrais, ça coûte cher) et extrèmement peu mécanisée, un voyage en Arménie c’est un  vrai voyage santé : des légumes bio à tous les repas, peu de viande, des fruits… on est en plein régime crétois ! D’ailleurs, tout en mangeant comme un ogre, j’ai perdu un peu de poids pendant ces 15 jours.

le marché central à Erevan

Pour des français peu habitués à voyager,  le petit déjeuner surprend : gâteaux, légumes, feuilletés de viande, voire plat chaud de viande et de légumes… un vrai repas en somme.

Dois-je mentionner la vodka au chapître repas ? La vodka arménienne est tout à fait excellente (on a abondamment testé la marque  Avshar) et ce qui ne gâte rien, elle coûte 2 € le litre… On trouve aussi toutes sortes d’alcools de fruits : mûre, abricot, prune.

Un des premiers mots que nous avons maîtrisé en arménien : la mûre du mûrier se dit “tout(e)” par opposition à la mûre du roncier qui se dit “moch(e)”… Qui a dit que les voyages ne formaient pas la jeunesse ?

Deux gâteaux qui cachent bien leur jeu…

En attendant d’être suffisamment redescendue sur terre pour vous narrer mon voyage en Arménie (c’était génial, plus d’infos bientôt), voilà deux petites recettes de gâteaux qui n’ont rien d’arménien.En fait leur caractéristique commune c’est de ne pas payer de mine et d’être absolument sublimes. Des gâteaux discrets en somme…. En plus, faciles à faire et à transporter, que demande le peuple.

La recette du premier vient de Marielle, et c’est une merveille de noix et de miel, sous une bête apparence de gâteau yaourt ! C’est également un gâteau mathématique, en l’occurrence un 5/4 !

Faire fondre 100 g de beurre et 100 g de miel dans une casserole, et y ajouter 100 g de farine, 100 g de noix hachées, 100 g de sucre et 1 jaune d’oeuf. Cuire 30 mn à 150 ° dans un moule à cake ou à manqué. On peut aussi en faire des petits gâteaux individuels en utilisant des caissettes en papier.

Attention, addiction immédiate !

La deuxième recette vient de Rosemary, et c’est le meilleur gâteau aux carottes que j’aie jamais mangé.
Préchauffer le four à 170 °
Eplucher et râper finement 300 g de carottes
Faire fondre 150 g de beurre puis le mélanger à 200 g de sucre.
Ajouter ensuite en mélangeant au fur et à mesure :
– 2 oeufs entiers,
– les carottes râpées,
– 200 g de farine,
– 3 cuil café de levure chimique,
– 1 cuil café de cannelle en poudre et 1/2 cuil café de muscade en poudre.
En dernier ajouter 80 g de raisins secs, et 50 g de noix grossièrement hachées.

Faire cuire 1 h dans un moule à cake beurré.

Intérieur hyper moelleux et léger, croûte croustillante, parfun des épices et croquant des noix…. Un goût de paradis !

Je ne l’ai pas encore testé en moules individuels, mais y’a pas de raisons que ça ne marche pas.

Boissons des mille et une nuits…

De retour d’un WE super je tiens mes promesses et divulgue quelques recettes secrètes…

Karkade

C’est une infusion de fleurs d’hibiscus (ça se trouve en herboristerie ou dans les épiceries orientales, et même chez Artisans du Monde). Une grosse poignée pour 2 l d’eau. Laisser infuser et refroidir, filtrer, et sucrer au goût avec du sirop de framboise (ou de la grenadine, mais c’est moins fin). Servir bien froid (avec des glaçons).

La couleur est magnifique, un beau rouge foncé, et l’acidité particulière de l’hibiscus donne beaucoup de fraicheur à cette boisson parfaite pour l’été.

L’apéritif énergisant sans alcool de Françoise

Françoise me corrigera si je me trompe : elle fait infuser 100 g de gingembre frais dans 1 ou 2 l de jus de raisin pendant une nuit, puis filtre le tout. (J’avais commencé par écrire 500 g de gingembre parce que c’est ce que j’avais compris, mais Françoise a promptement corrigé le tir en m’envoyant le message suivant : ” 100g de gingembre par litre suffisent pour le goût, cet apéritif aurait-il eu d’autre effets tellement démoniaques que l’auteuse de ce blog ait cru qu’il y en avait 500g/l ??? “   ben euh je sais pas…)

C’est génial, épicé et parfumé, on a presque l’impression que ça monte à la tête comme de l’alcool.

J’étais venue seule à ce WE, je ne peux donc pas confirmer les rumeurs sur l’efficacité énergisante du gingembre…

Dans le même ordre d’idées, ma soeur Juliette concocte un planteur au gingembre qui fait des ravages :

Planteur au gingembre

Râper plusieurs racines de gingembre, et les faire infuser dans un mélange :
– jus d’orange
– jus de banane
– jus de goyave
– jus d’ananas
– jus de mangue
– …

Filtrer après une nuit au moins, et rajouter du rhum blanc et du rhum brun. Le gingembre est tellement “chaud” qu’il permet de limiter la teneur en alcool du planteur sans qu’on s’en rende compte. On peut quasiment supprimer le rhum et se faire du bien sans se faire de mal !

La citronnade de Saloua

Passer au mixer (robot) des citrons bio coupés en rondelles fines avec leur peau (enlever les pépins).
Faire macérer 24 h dans leur volume d’eau, puis repasser au mixer et filtrer avec un tamis pas trop fin (laisser un peu de matière).

Utiliser ce mélange à la manière d’un sirop, en le coupant avec de l’eau bien fraîche et en le sucrant au goût.

C’est délicieux, vibrant de goût et très frais.

Voilà…  si avec tout ça vous ne tenez pas jusqu’au petit jour, ce ne sera pas à cause de moi !

Italia Bella

De retour de 5 jours en Italie, à Milan et autour… Et comme toujours sous le charme de ce pays si beau, de cette langue si musicale, de cette cuisine si exquise et des italiens si… Bon, l’amour ne me rend pas totalement aveugle, et je sais reconnaître un truc bizarre, même en Italie : au top du bizarre cette année, la pizza que j’ai vu proposer partout, la pizza aux frites… Si, si, une vraie pizza, avec des frites dessus ! Et en plus j’ai vu des gens en acheter et même en manger…

Autre chose bizarre, mais dans le bon sens : comment expliquer qu’au bout de 5 jours de pâtes, pizza, et autres italienneries j’ai perdu 1 kg ? Ca doit être l’italian paradox, il faudrait que je teste plus longtemps pour voir si au bout d’un an j’ai disparu..

Que vous dire d’autre sur ce voyage ?

Que les étudiants italiens ont bien de la chance, logés dans des universités – musées (celle de Milan est déjà pas mal et celle de Pavie m’a fait craquer : une succession de petits cloîtres gothiques… avec le wifi à l’intérieur !)

Une des cours de l’université de Milan

Une cour de l’université de Pavie

Que l’Italie, et plus spécialement Milan, est vraiment le pays du design : après une visite au tout nouveau  musée du design à la Triennale, celle de la boutique Alessi où j’ai envie de tout, du sous sol du grand magasin “La Rinascento” (l’équivalent des Galeries Lafayettes) entièrement consacré au design, et où on peut acheter une bonne partie des objets exposés au musée.
Dans ce même magasin, sur les toits, un bar à mozarella, façon sushi, où de délicieuses hôtesses japonaises préparent devant vous toutes sortes de mozarella (doit-on dire mozarelle ?)

J’ai profité de ces quelques jours à Milan pour retourner au Cimetière Monumental, le plus ahurissant cimetière que je connaisse, où les bourgeois milanais du siècle dernier (enfin, celui d’avant) faisaient assaut de munificence pour abriter leurs derniers jours. Le résultat vaut le voyage, à mon sens ! Là, j’en ai profité pour shooter plein d’anges, c’est tendance et kitsch, mais beau quand même… Et surtout, très varié (ci dessous, 3 au hasard dans ma collection)

Remontée aussi sur le toit du Duomo, mais en ce samedi de pont, nous étions bien trop nombreux pour apprécier sereinement cette gigantesque meringue.

Enfin, je me suis perdue dans les rues à la recherche des cours et des jardins cachés (il n’y a que ça ).

Vendredi, visite de Bergame, mais grosse déception : la ville est belle, mais bondée, à mi-chemin entre le Mont Saint Michel et les Baux de Provence, beaucoup trop de monde pour visiter tranquillement. En plus, ce n’est pas une ville “qui vit” c’est juste un beau décor pour les touristes. Même sentiment en visitant la Chartreuse de Pavie, c’est beau (si on aime les meringues baroques) mais ce n’est pas pour nous.


Bergame

Changement de décor à Pavie : petite ville universitaire merveilleuse où nous avons découvert une superbe église gothique (San Michele) ni en marbre ni en briques, ce qui en Italie n’est pas si courant.


Pavie, chapiteau de l’église

Et enfin, émerveillement à Vigevano, tassée autour de son gigantesque château de briques. Rien de manque à notre bonheur : passages souterrains et secrets, écuries dessinées par Léonard, magnifique grande place renaissance, petites églises cachées…


Grand place de Vigevano


Les écuries du château

Et pour terminer, une idée géniale : l’expo impossible. Partant du constat qu’il devenait impossible (ou tout au moins terriblement cher et compliqué) de réunir les oeuvres d’un artiste, la RAI a proposé une expo de reproductions de haute qualité. Ce qui nous a permis d’admirer des quantités d’oeuvres de Léonard de Vinci, et même de nous apercevoir que sa célèbre Madone des Rochers avait été peinte en 2 exemplaires, avec lesquels il est très amusant de jouer au jeu des 28 erreurs. Ces tableaux étant respectivement au Louvre et à la National Gallery à Londres, c’est pas demain la veille que j’aurais pu voir les deux en même temps.


La vierge des rochers du Louvre


La vierge des rochers de Londres

A l’heure où la mairie d’Aix met le budget de la ville en péril pour produire des expos hors de prix sur Cézanne / Picasso, je préfère payer mon billet 3 € et voir plus de reproductions que 15 € pour voir moins de “vrais” tableaux dans l’obscurité et à une distance de sécurité telle qu’il devient difficile d’en apprécier les détails !

 

Si le coeur vous endive…

Et bien non, ceci n’est pas une nouvelle chronique potagère… Je tombe sur un article passionant du magazine Lire consacré à Boris Vian, et cette phrase figure dans une lettre de Boris Vian à un ami. La phrase exacte est : “Téléphonouillez moi si le coeur vous endive”.

J’adore ! Comme j’adore cette autre phrase citée dans l’article : ” Si je tenais le salaud d’enfant de pute à la graisse de couille de kangourou qui m’a foutu ce nom de Dieu de bordel de merde d’installation d’une façon aussi dégueulasse … eh bien … comme on dit, je ne lui ferais pas mes compliments.

Celle là, il faut que je la retienne pour la réutiliser à bon escient…

A chaque note, dit Colin, je fais correspondre un alcool, une liqueur ou un aromate. La pédale forte correspond à l’œuf battu et la pédale faible à la glace. Pour l’eau de Seltz, il faut un trille dans le registre aigu. Les quantités sont en raison directe de la durée : à la quadruple croche équivaut le seizième d’unité, à la noire l’unité, à la ronde la quadruple unité. Lorsque l’on joue un air lent, un système de registre est mis en action, de façon que la dose ne soit pas augmentée – ce qui donnerait un cocktail trop abondant – mais la teneur en alcool. Et, suivant la durée de l’air, on peut, si l’on veut, faire varier la valeur de l’unité, la réduisant, par exemple au centième, pour pouvoir obtenir une boisson tenant compte de toutes les harmonies au moyen d’un réglage latéral.
(…)
– Il n’y a qu’une chose gênante, dit Colin, c’est la pédale forte pour l’œuf battu. J’ai dû mettre un système d’enclenchement spécial, parce que lorsqu’on joue un morceau trop «hot», il tombe des morceaux d’omelette dans le cocktail, et c’est dur à avaler. Je modifierai ça. Actuellement, il suffit de faire attention. Pour la crème fraîche, c’est le sol grave.

– Je vais m’en faire un sur Loveless Love, dit Chick. Ça va être terrible”
(…)
Colin se leva et ouvrit le petit panneau mobile en faisant la manoeuvre, et ils prirent les deux verres remplis d’un liquide avec des irisations d’arc-en-ciel. L’antiquaire but le premier en clappant sa langue.
– C’est exactement le goût du blues, dit-il. De ce blues-là même. C’est fort, votre invention, vous savez.
– Oui, dit Colin, ça marchait très bien.
(…)
– Si je jouais Misty Mornin’ ? proposa l’antiquaire. Est-ce que c’est bon ?
– Oui, dit Colin, ça rend formidablement, ça donne un cocktail gris perle et vert menthe, avec un goût de poivre et de fumée.”

Je pense que bien d’autres que moi ont rêvé pendant des heures au pianocktail de l’Ecume des jours… eh bien, maintenant il existe. Une compagnie marseillaise, La Rumeur a créé le pianocktail et propose un spectacle – dégustation. A chaque note jouée par le pianiste, une goutte d’alcool vient s’ajouter au verre.

L’occasion de vérifier si Misty est vraiment brumeux, et Unforgettable inoubliable…

Mangez vos soucis !

 Grâce à un merveilleux petit livre de ma collection chérie (“Mon grain de sel”) j’ai pris conscience un beau jour que presque tout ce qui pousse dans mon jardin est comestible…-Le livre s’appelle “La cuisine des petits chemins, – ou comment faire une salade de ses promenades, un dîner de ses randonnées ou une ratatouille de ses vadrouilles..” et comme toujours dans cette collection est aussi joli à regarder que plaisant à lire et à utiliser.


Grâce à Jeanne Odile, je mettais déjà des fleurs de bourrache dans ma salade (très bon pour tout, la bourrache, et tellement jolie ! D’ailleurs les petites fleurs bleues sur la couverture du livre, c’en est), regrettant amèrement que cette soi-disant mauvaise herbe ne fréquente pas mon jardin à moi.
Grâce à Gisèle, j’ai appris à repérer la roquette blanche ou jaune, et je me suis rendu compte qu’il en poussait absolument PARTOUT ! De quoi faire de sérieuses économies de nos jours où les primeurs sont vendus au prix de l’or, voire du platine…

Après ça, je suis tombée sur un joli blog, ” La cuisine des Korrigans” -ou comment mettre orties et pissenlit à son menu, et finalement le blog d’un passionné de plantes sauvages qui se mangent, Yoann Hue , à mon avis ce qui se fait de plus complet sur la question… Si vous voulez manger de l’egopode, de la tanaisie, de la mouronette ou des conopodes, vous êtes au bon endroit. Notez quand même que beaucoup des recettes proposées sont signées de Marc Veyrat, qu’on se le dise !

Et donc, pour revenir au titre de cette chronique, oui, les soucis sont comestibles, et en plus, c’est ravissant ces pétales orange dans la moindre salade. Alors, au lieu de les ruminer, mangez les !

La physique des catastrophes

J’ai terminé cette nuit ce gros pavé (823 pages quand même), et je ne sais pas trop quoi en penser…

D’un côté, pendant les 10 jours qu’il m’a fallu pour le lire, je me suis régalée, et j’ai eu du mal à le poser, même quand le sommeil se faisait pressant. D’un autre côté, je reste un peu sur ma faim à la fin (sans mauvais jeu de mots).

Tout d’abord, c’est un livre extrèmement brillant, on peut même dire excessivement brillant, puisque cet étalage de culture irrite (ou tout au moins surprend) au début. Puis, je m’y suis faite et j’ai même fini par attendre ces digressions et citations (parfois fantaisistes, je pense).
Disons que comme ce livre raconte l’histoire d’une jeune fille surdouée, le fond et la forme sont en harmonie…

Le style est un peu lourd, sans que je sache, puisque je l’ai lu en français, si c’est un nouveau drame de la traduction ou directement imputable à l’auteur. Je pense que le traducteur n’y est pas pour rien, puisqu’il y a carrément plusieurs fautes de français dans le livre.

Je ne vous raconterai pas l’histoire, pour vous laisser la surprise, mais vous y trouverez à la fois un vrai polar, un roman des années “college” américaines, de solides notions d’économie politique, et beaucoup d’autres choses !

J’y ai aussi trouvé une description originale de la fonction de l’enseignement, qui par ces temps de restrictions budgétaires devrait donner à réfléchir :

” Quoi de plus glorieux qu’un professeur ?  Loin de moi l’idée de vouloir élever les esprits ou forger l’avenir de la nation. Il n’y a pas grand chose à espérer lorsque lesdits esprits émergent de l’utérus déjà formatés pour la playstation. Non. Ce dont je parle, c’est du professeur comme seul être sur terre capable de construire un cadre autour de la vie – pas toute la vie, juste un fragment, un petit bout. Il organise l’inorganisable. Il le cloisonne en moderne et post moderne, renaissance, baroque, primitivisme, impérialisme, etc. Il délimite ça par des devoirs, des partiels, des vacances. Quel ordre ! C’est tout simplement divin. (…) Il ne faut pas s’étonner que tant d’adultes rêvent de retourner à la fac, à ces dates de remise, à cette structure. Enfin une armature à laquelle se raccrocher ! Elle a beau être arbitraire, sans elle nous sommes perdus, incapables de différencier le romantique du victorien dans nos tristes existences dépourvues de sens…”

Et pour finir, cette phrase qui ravira les dubitatifs de l’art moderne : “Prends un Kandinsky. Ce n’est que confusion. Mets-lui un cadre, et voilà, il donne une touche d’originalité au dessus de la cheminée.”

 

 

Je passe à l’orange

C’est ma nouvelle maladie, l’orangemania a frappé ! Je préviens charitablement mon lectorat masculin (s’il existe) que cet article n’a aucune chance de l’intéresser… Est-ce le printemps ? Voilà que je cède à la tendance “histoires de filles”…Toujours est-il qu’au cours des derniers mois, je n’ai acheté que des vêtements ou accessoires oranges. A peine ai-je craqué pour un petit débardeur rouge, sinon c’est orange, orange, orange.

L’addiction est telle, que passant l’autre jour devant la vitrine de Promod, mon regard a été attiré par le fond de la boutique ou une sublime harmonie d’orange et de rose indien me criait “Viens m’acheter, viens m’acheter..” Je suis faible, j’ai franchi le seuil de la boutique dans un état somnambulique, j’ai essayé tous les vêtements oranges dans toutes les tailles, et je suis ressortie avec un grand t-shirt et un débardeur (que soit dit en passant, ma fille m’a volé le soir même, comme quoi l’orange mania ne frappe pas que moi).

Mais pourquoi Orange, m’interroge-je dans mes rares moments de lucidité ? Couleur, qui il y a peu ne m’évoquait qu’une tendance lourde de la déco des années 70, et l’épouvantable papier peint géométrique en camaieu de brun et d’orange qui allait avec  (voir ci dessous) ?


Au début de mon orange mania, la tenue de scène de Voice Gang, le groupe de jazz vocal dans lequel je chante (http://voicegang.over-blog.com). Puis, la peinture du plus beau camping car du monde (voir ci dessous…). Oui, je sais, comme ça, il a l’air jaune, mais à l’intérieur il est Orange !

 

Puis je pense que la mode a dû s’en méler, car j’ai commencé à voir de plus en plus de jolies choses orange dans les magasins et les magazines. Ou bien c’est que mon esprit, déjà atteint par l’orange mania les voyait, alors qu’il les ignorait avant…

Du coup, je suis allée voir sur l’indispensable wikipedia à quoi était associé l’orange :

L’orange (ou safran) est la couleur sacrée de l’hindouisme. Elle représente le feu purificateur, du corps et des passions, synonyme de libération.

Dans la symbolique bouddhiste, la couleur orange désigne le second chakra du corps humain, il fait lien vers la créativité et le dynamisme. Les moines bouddhistes se drapent dans des vêtements de couleur orange.

Dans la symbolique occidentale, l’orange est associé à l’energie. L’origine de cette symbolique réside dans le fait que l’orange est la couleur du soleil.

En bref, si j’aime l’orange, c’est que j’ai besoin de me réchauffer, de ma libérer ou que j’ai le feu sacré ? Ou alors, que je traverse une période particulièrement créative (ma foi, si vous lisez ce blog, qu’en pensez-vous ?)

En conclusion, devinez ce que nos avons mangé à midi ? De la purée de patates douces, qui en plus d’être délicieuse, est d’un merveilleux orangé doux et lumineux…