Qu’ai-je fait de ma semaine, donc, outre 12 h de compta, 7 de droit des sociétés, les 40 h que je consacre à gagner mon pain quotidien, 6 h de sport et 3 de musique ?Et bien, j’ai réussi à aller voir trois films et à lire deux livres ! Aucun doute, pas de temps de transport et toujours pas la télé, ça aide !
Sur les trois films, deux sont oubliables, même si pas désagréables à voir. Ce sont le dernier film des frères Coen, “A serious Man”, bizarre, très juif et claustrophobique, et “Le Refuge” de François Ozon, très français, avec Isabelle Carre très enceinte mais très belle, et une chanson assez niaiseuse comme leit motiv…
LE film de ma semaine (et même sans doute plus que ça) c’est “Bright Star” de Jane Campion. Je l’avoue, je n’ai jamais vu “La leçon de piano”, je ne sais même plus pourquoi. Et je crois n’avoir rien vu d’autre de Jane Campion. Maintenant, je regrette, mais c’est comme ça. En tout cas, Bright Star, bien que très lacrymogène (j’ai consommé la moitié d’un paquet de mouchoirs) est tout simplement splendide. Chaque image est un tableau, et j’aurais voulu que le projecteur s’arrête tout le temps pour pouvoir admirer chaque plan.
C’est l’histoire des amours contrariées du poète John Keats et de Fanny Brawne, joué par l’éblouissante, la sublime, la magnifique Abbie Cornish, que la caméra caresse amoureusement, et qui semble quasiment émettre de la lumière.
Je sais bien que dans la vraie vie leur histoire n’a pas été tout à fait celle décrite par le film, que les témoignages de l’époque disent de Fanny qu’elle était frivole et pas du tout consciente du génie de son amoureux, mais dans le film, on y croit à fond.
Son poète maudit n’est pas mal non plus, tous les acteurs sont magnifiques, même si de moi tout à fait inconnus.
Tout dans ce film est émotion, cette émotion qui fait vibrer les personnages, la poésie, la musique, la nature.
Du coup, forcément j’ai eu envie d’en apprendre plus sur Keats, dont à part le nom je ne savais rien. C’est si triste de savoir qu’il est mort de tuberculose à 25 ans, quasiment dans la misère, sans avoir été reconnu de son vivant. Dans ces cas là, j’espère toujours qu’il reste de nous quelque chose après la mort, et que ce quelque chose peut connaître la fin de l’histoire. Même si j’ai des doutes, une part de moi veut y croire…
En harmonie avec l’émotion, bien que dans un registre beaucoup plus léger, le merveilleux livre de Mary Ann Shaffer, “The Guernsey Literary and Potato Peel Pie Society“, traduit (assez stupidement) en français par “Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates”.
Dieu merci, je l’ai lu en anglais, car vu la traduction débile du titre, j’augure mal de la traduction du livre lui même !
Je me rends bien compte que je débarque, et que je vais faire l’apologie d’un best seller que tout le monde a déjà dû lire, mais tant pis, j’ai trop aimé ce livre !
C’est un roman par lettres, ce qui, en plus d’un exercice périlleux, n’est pas si fréquent. C’est si bien fait qu’il m’a fallu un moment pour me rendre compte que c’en était un…
C’est avant tout la galerie de portraits extraordinaire d’une petite communauté pendant et juste après la guerre, à Guernesey. J’ai bien sûr appris des tas de choses passionnantes sur Guernesey, mais surtout j’ai ri, souri, pleuré, bref j’ai été une nouvelle fois touchée par la magie d’un livre.
Comme c’est justement le thème central du livre (comment la vie de chacun des personnages est changée par un livre), on peut dire que le fond et la forme sont en parfaite harmonie, et peut être est-ce cette harmonie qui le rend si délectable, si délicieux.
Une phrase (p 10 de la version anglaise en poche) qui résume tout ce que j’aime dans les livres, les dictionnaires (et aussi Internet, d’ailleurs) : ” That’s what I love about reading: one tiny thing will interest you in a book, and that tiny thing will lead you on to another book, and another bit there will lead you on to a third book. It’s geometrically progressive – all with no end in sight, and for no other reason than sheer enjoyment “.
Pour les non anglophones, traduction approximative : C’est ce que j’aime dans la lecture : une petite chose va vous intéresser, cette petite chose va vous conduire à un autre livre, et là, une autre petite chose va vous conduire à un troisième livre. C’est une progression géométrique – sans fin, et dont la seule règle est le plaisir.
Grande tristesse dans ma vie (une de plus) l’auteur est morte avant même la publication du livre, ce qui veut dire que je n’aurai pas le plaisir de lire autre chose d’elle…